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Ecologie : tous responsables !
Septembre 2002. Sommet de la Terre de Johannesburg – Afrique du Sud. Un sommet pour sauver la planète ?
Le sommet de la Terre de Johannesburg comporte de nombreux points positifs, malgré le mécontentement venant du blocage des engagements contraignants de certains grands Etats développés. «Par leurs disputes, les 60 000 délégués de Johannesburg ont provoqué une réelle prise de conscience de l'urgence qu'il y a à se préoccuper enfin un peu de notre planète», écrivait le Financial Time. Il ne fallait pas espèrer qu’en quelques jours le cours de l’histoire de la Terre soit changé, mais une inflexion décisive est amorcée. Les prises de positions de certains chefs d’Etat, plus qu’encourageante s pour l’avenir, nous ont démontré que la prise de conscience est effective et que le train de la révolution écologique s’est enfin mis en marche.
Sauver la planète des effets catastrophiques du réchauffement , réduire les pollutions des sols , de l’air et de l’eau est encore possible, à condition que les bonnes paroles se transforment en actes que les égoïsmes cèdent la place à la solidarité , que les pays en voie de développement prennent en main leur destin et qu’une Organisation Mondiale de l’Ecologie , forte et indépendante des intérêts économiques particuliers des Etats soit instaurée .
Un sommet pour sauver la planète
L’intervention du 2 septembre 2002, du Président de la République Française, Jacques CHIRAC, expose clairement et sans concession cette prise de conscience politique :
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La terre et l'humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables.
Il est temps, je crois, d'ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d'alerte s'allument. L'Europe est frappée par des catastrophes naturelles et des crises sanitaires. L'économie américaine, souvent boulimique en ressources naturelles, paraît atteinte d'une crise de confiance dans ses modes de régulation. L'Amérique Latine est à nouveau secoue par la crise financière et donc sociale. En Asie, la multiplication des pollutions, dont témoigne le nuage brun, s'étend et menace d'empoisonnement un continent tout entier. L'Afrique est accablée par les conflits, le SIDA, la désertification, la famine. Certains pays insulaires sont menacés de disparition par le réchauffement climatique. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d'un crime de l'humanité contre la vie.
Notre responsabilité collective est engagée. Responsabilité première des pays développés. Première par l'histoire, première par la puissance, première par le niveau de leurs consommations. Si l'humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face à nos besoins. Responsabilité des pays en développement aussi. Nier les contraintes à long terme au nom de l'urgence n'a pas de sens. Ces pays doivent admettre qu'il n'est d'autre solution pour eux que d'inventer un mode de croissance moins polluant. Dix ans après Rio, nous n'avons pas de quoi être fiers. La mise en oeuvre de l'Agenda 21 est laborieuse. La conscience de notre défaillance doit nous conduire, ici, à Johannesburg, à conclure l'alliance mondiale pour le développement durable. Une alliance par laquelle les pays développés engageront la révolution écologique, la révolution de leurs modes de production et de consommation. Une alliance par laquelle ils consentiront l'effort de solidarité nécessaire en direction des pays pauvres. Une alliance à laquelle la France et l'Union européenne sont prêtes.
Une alliance par laquelle le monde en développement s'engagera sur la voie de la bonne gouvernance et du développement propre.
Nous avons devant nous cinq chantiers prioritaires :
- Le changement climatique d'abord... Le réchauffement climatique est encore réversible. Lourde serait la responsabilité de ceux qui refuseraient de le combattre.
- Deuxième chantier : l'éradication de la pauvreté. A l'heure de la mondialisation, la persistance de la pauvreté de masse est un scandale et une aberration... Trouvons de nouvelles sources de financement. Par exemple par un nécessaire prélèvement de solidarité sur les richesses considérables engendrées par la mondialisation.
- Troisième chantier : la diversité. La diversité biologique et la diversité culturelle, toutes deux patrimoine commun de l'humanité, toutes deux sont menacées. La réponse, c'est l'affirmation du droit à la diversité et l'adoption d'engagements juridiques sur l'éthique.
- Quatrième chantier : les modes de production et de consommation. Avec les entreprises, il faut mettre au point des systèmes économes en ressources naturelles, économes en déchets, économes en pollutions. L'invention du développement durable est un progrès fondamental au service duquel nous devons mettre les avancées des sciences et des technologies, dans le respect du principe de précaution. La France proposera à ses partenaires du G8 l'adoption, lors du Sommet d'Evian en juin prochain, d'une initiative pour stimuler la recherche scientifique et technologique au service du développement durable.
- Cinquième chantier : la gouvernance mondiale, pour humaniser et pour maîtriser la mondialisation. Il est temps de reconnaître qu'existent des biens publics mondiaux et que nous devons les gérer ensemble. Il est temps d'affirmer et de faire prévaloir un intérêt supérieur de l'humanité, qui dépasse à l'évidence l'intérêt de chacun des pays qui la compose.
Pour assurer la cohérence de l'action internationale, nous avons besoin d'un Conseil de sécurité économique et social.
Pour mieux gérer l'environnement, pour faire respecter les principes de Rio, nous avons besoin d'une Organisation mondiale de l'environnement. »
Dont acte. A suivre...
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