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Manger bio : une des clefs de la Santé Durable



Consommer des aliments bio est-il meilleur pour la santé et pourquoi ? Le nouveau concept de Santé durable, partie indissociable de celui, plus général, de l'éco-développement durable, intègre l'agrobiologie à tous les niveaux. Dans les pays développés cette forme de culture préserve l'environnement, les nappes phréatiques, lutte contre la pollution par les dangereux produits chimiques (pesticides, herbicides, fongicides...) et dans les pays émergents et en voie de développement il permet un développement local harmonieux, indépendant et rentable, base du commerce bio-équitable. Guillaume Moricourt, spécialiste de l'économie agro-alimentaire nous fait le point sur cette question encore contestée par certains sur les véritables avantages-santé d'une alimentation biologique.

Guy Roulier
livre

POUR UNE DEFENSE DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Interview de Guillaume Moricourt

Guy Roulier : L'agriculture biologique est soumise à de rudes attaques de la part de ses adversaires. Son image est très positive en terme de qualité mais les surfaces cultivées sont encore trop faibles par rapport aux besoins. Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ? Quels sont les avantages tangibles du bio par rapport aux aliments issus de l'agriculture dite traditionnelle ?

Guillaume Moricourt : L'agriculture bio est discrète, mais le nombre d'installations augmente, poussé par l'essor de la consommation (+9.9% depuis 1999 en moyenne contre +2.6% pour le non-bio). Nous devons développer ce type d'agriculture, et ne pas accepter le projet européen en cours. Quels sont les avantages du bio ? Contrairement à l'agriculture intensive qui nous empoisonne au goutte à goutte avec ses nitrates, pesticides, antibiotiques dans les élevages, rayons ionisants, additifs plus ou moins judicieux, l'agriculture bio nous livre les produits les plus sains qui soient, avec un niveau de qualité inégalé. L'UE a reconnu en juin 2004 que l'agriculture bio répondait à ses nouveaux objectifs de développement durable, car les paysans bio transmettent leurs terres en bon état à leurs successeurs, ce que l'agriculture intensive ne peut plus réaliser. Selon l'INRA, avec ses pulvérisations d'engrais chimiques utilisées pour remplacer le repos de la terre et les amendements organiques, l'agriculture intensive a réduit de moitié le taux d'humus du sol en une vingtaine d'années. L'humus est la partie nourricière de la Terre : encore une vingtaine d'année, et nous aurons une terre stérile !

Guy Roulier : Précisément sur ce sujet quels sont les points forts du bio ?

Guillaume Morticourt : Le bio ne s'autorise pas une telle gabegie ; appliqués sous forme de fumiers, d'engrais verts ou de composts, les amendements et le repos de la Terre font pleinement partie des pratiques de l'agriculteur bio. C'est en s'interdisant les facilités chimiques : engrais minéraux, pesticides.. que l'agriculteur bio s'oblige à traiter la terre comme un capital précieux à sauvegarder contre une exploitation sauvage. C'est en respectant les bêtes que l'éleveur bio s'interdit les concentrations infernales de poulets ou de cochons dans des camps de concentration puant l'ammoniac. Et l'agriculture bio s'impose elle-même des contrôles spécifiques, du producteur au détaillant, pour éliminer les brebis galeuses de son sein. C'est l'agriculture la plus contrôlée. En corollaire, le bio demande plus de main d'œuvre, et surtout de soins ; qui s'en plaindrait à notre époque de chômage ? Mais, de ce fait, l'agriculture biologique est plus chère que l'agriculture conventionnelle. Mais il y a prix et prix.

Guy Roulier : on reproche souvent au bio d'être plus cher. En tant qu'économiste du secteur agricole, quel est votre point de vue ?

Guillaume Morticourt : Parlons un peu de l'économie du secteur. Un produit conventionnel ne comprend pas dans son prix de vente le coût de restauration de la qualité des terres, ou de dépollution, qui devrait l'accompagner (traitement de l'eau, ramassage des algues sur les plages, sans parler d'une partie des coûts de santé...). Ces coûts sont à la charge de la collectivité, c'est dire que le prix est payé deux fois : chez le commerçant, et par des prélèvements publics. Avec un produit bio, il n'y a pas de tel surcoût. La Politique Agricole Commune, financée encore par les contribuables, est une nouvelle source de distorsion, car, en moyenne, un agriculteur bio touche 30% d'aide en moins qu'un agriculteur de l'intensif. Ce qui minore artificiellement le prix des produits conventionnels, contre le bio.

Guy Roulier : Et que pensez-vous des propositions de Nicolas Hulot qui, c'est le moins qu'on puisse dire a forcé les responsables politiques à passer de l'intention à l'action ?

Guillaume Morticourt : Le projet de Nicolas Hulot de verser les aides de la PAC aux restaurateurs, à charge pour eux d'obtenir des dégrèvements s'ils achètent des produits agroalimentaires issus du bio ou de filières de qualité n'est pas une idée sotte ! Elle participe au pilotage d'un marché fou, c'est une forme de régulation qui oriente les pratiques, les consommations, dans un sens vertueux. Le cahier des charges du bio est remis en cause par le projet européen. Quels en sont ses points principaux ? D'abord il ne donne qu'une préférence aux produits naturels par rapport aux pesticides; il accepte les produits chimiques "au cas où des substances naturelles ne sont pas disponibles dans le commerce". Cette limitation ne doit duper personne.

Guy Roulier : Et les OGM dans tout cela ? Doit-on accepter les contamination des pollueurs ?

Guillaume Morticourt : La Commission demande également au monde du bio d'accepter les contaminations d'OGM à hauteur de 0.9%, comme dans l'agriculture conventionnelle. Les producteurs bio, en phase avec la sagesse populaire, demandent au contraire la mise à l'écart des OGM. Car les OGM n'ont prouvé ni à une majeure partie de la communauté scientifique, ni au public, qu'ils seraient un progrès pour l'humanité. Et heureusement, sans les OGM, on peut vivre, on peut continuer à améliorer les plantes pour les rendre plus résistantes, plus productives... en laissant la Nature contrôler le processus, sans franchir la barrière des espèces, comme les "enthousiastes des OGM" veulent l'imposer. Le projet européen va plus loin ; il souhaite que les producteurs bio qui voudraient faire valoir sur les étiquettes l'absence d'OGM, l'absence totale de pesticide... en soient empêchés. C'est le principe du refus de la "flexibilité négative". Ce qui ne saurait que niveler le marché vers le bas, peut-être dans une volonté (non affichée) de mélanger de facto l'agriculture bio à l'agriculture dite "raisonnée", qui est l'agriculture défendue par les tenants de l'intensif (injustifiable de nos jours), mais qui est un type d'agriculture sans réelles contraintes de cahier des charges, que ses adeptes peuvent appliquer comme bon leur semble : avec sérieux, ou pour ne profiter que d'une image marketing d'opérateur "raisonnable". Ce projet européen semble manifestement viser la fin du bio. Il vise sa dilution dans une dose de pesticide.

Et pourtant, il nous faut une agriculture à la hauteur des enjeux : durable pour transmettre la terre aux générations, pour dépolluer l'eau, pour notre santé dès aujourd'hui, pour respecter le bien-être animal. Ce n'est manifestement pas la voie choisie par ce projet européen, qui devrait conforter, développer une agriculture de qualité, au premier chef le bio, et rendre l'agriculture intensive minoritaire (raisonnée ou pas).

Guillaume Moricourt
Guillaume.Moricourt@ifrance.com

A savoir : Guillaume Moricourt est un spécialiste de l'agriculture de par sa formation d'économiste spécialisé dans la filière agricole. Son livre, remarquable et que j'ai moi-même sélectionné pour figurer dans ma collection "Environnement et santé durables" des Editions Dangles, constitue une référence et a été sélectionné et nominé pour le prix Nature et Environnement.
  Pour que nous, consommateurs, puissions comprendre ce qu'est devenue notre agriculture et ce qu'elle pourrait être : études comparatives des différentes pratiques agricoles, et leur impact sur notre santé.


www.mnei.fr/web-content/livre2006.html

Guillaume Moricourt
Guillaume.Moricourt@ifrance.com

Guillaume Moricourt est l’auteur d’« Agriculture et Santé » aux Editions Dangles, 16 euros. Ce livre compare les différentes pratiques agricoles : http://guillaume.moricourt.ifrance.com/agricultureetsante

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