L'OSTEOPATHE AU SERVICE DU SPORTIF (I)
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Interview de Pierre Girard, Président de l'Association des Ostéopathes du Sport. Exclusivité naturemania.com
Prendre soin de son corps
Le sportif, plus que d'autres, sollicite physiquement son corps hors des limites habituelles, aussi bien dans le sport détente que dans le sport de compétition.
Sportif amateur ou de haut niveau ont des objectifs communs : préserver sa " machine " afin d'éviter incidents et blessures musculaires et articulaires, optimiser dans la mesure du possible ses performances physiques, raccourcir le temps de récupération après l'effort...
Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire au sportif amateur mais encore plus au sportif de haut niveau ou professionnel d'être suivi régulièrement par un ostéopathe connaissant l'ostéopathie du sport. Pour les ostéopathes expérimentés cela fait partie de la routine. Pour les jeunes ostéopathes par contre, il s'agit d'une véritable orientation nécessitant une sérieuse formation complémentaire aux études générales d'ostéopathie.
Nous avons tous lu des articles élogieux reprenant les propos de tel ou tel sportif vantant les mains en or de son ostéopathe auquel il devait sa carrière. Mais l'information est souvent déformée par le filtre médiatique, et nous avons voulu aller à la source en interrogeant Pierre Girard qui est président de l'Association des ostéopathes du sport et formateur*. Nous allons tenter, dans cet article, de faire avec lui le point de la question. Dans le domaine du sport plus que dans d'autres, la santé durable passe nécessairement par une prévention efficace et régulière et des soins synergiques cohérents et exempts de produits dopants ou chimiques nocifs.
Guy Roulier : Le titre d'Ostéopathe est reconnu par la loi française depuis le 4 mai 2004 (article 75 de la loi " Droits des malades "). Depuis, de nombreux praticiens tentent de s'emparer de ce titre et le citoyen moyennement informé a du mal à s'y retrouver. C'est pour tenter de mettre de l'ordre dans cette jungle de pratiques diverses souvent fort éloignées de la véritable ostéopathie et donc peu efficaces, que vous avez créé cette Chambre, dont la Charte de Qualité semble apporter pour la première fois une garantie de sérieux dans cette profession de santé émergente. Pour commencer, pouvez-vous nous donner une définition simple et claire de ce qu'est l'ostéopathie ?
Pierre Girard : L'Ostéopathie est une méthode de soins qui s'emploie à diagnostiquer et à traiter les innombrables problèmes mécaniques du corps humain et qui en conséquence, par la présence de blocages (absence ou diminution de mobilité, raideur), affectent différentes parties de notre organisme, provoquant un perturbation locale ou générale altérant l'état de santé. L'Ostéopathe professionnel, exerçant dans le cadre d'une approche globale de l'individu, et s'appuyant sur une connaissance approfondie de l'anatomie et de la physiologie, n'utilise pour résoudre ces problèmes mécaniques que ses mains, sans jamais agresser le corps mais bien au contraire en allant toujours dans le sens du soulagement des éléments en souffrance.
Question : L'Ostéopathe est donc un bio-mécanicien qui prend soin du corps de ses patients. Les techniques sont-elles, comme dans d'autres techniques médicales, standardisées ?
P.G. : Certainement pas. Les ostéopathes doivent tout connaître du corps et savent appliquer leur art en utilisant " à la carte " différentes techniques adaptées au mieux à la situation et au patient (âge, sexe, terrain, antécédents d'accidents ou de maladies, niveau physique, etc). Cependant, l'ostéopathe, généraliste et polydisciplinaire par sa formation complète (correspondant aux critères de la Charte de Qualité), peut s'orienter vers une clientèle plus spécifique. Ainsi, certains ostéopathes sont plus enclins à traiter des bébés, des femmes enceintes juste avant l'accouchement, des urgences ostéopathiques (type lumbago, dorsagos, torticolis, entorses), ou des sportifs ou encore des personnes âgées.
Question : L'Ostéopathie sportive est donc une orientation spéciale de l'ostéopathie générale ?
P.G. : Tout à fait. L'ostéopathie appliquée au sportif est une pratique spécialisée, mais elle n'est pas un courant théorique et encore moins une sous-discipline de l'ostéopathie. L'ostéopathe du sport est un praticien qui, pour suivre les sportifs, a recherché et obtenu des compétences particulières pour ajouter à son répertoire thérapeutique des outils plus adaptés. C'est l'essence même de la formation continue de type "ostéopathe du sport" dont l'objectif principal est d'apporter des solutions dans les différents secteurs de la vie sportive.
Question : L'ostéopathe du sport doit-il avoir été ou être sportif lui-même ?
P.G. : Évidemment non, comme il n'est pas nécessaire d'être un vieillard pour travailler en gérontologie, comme il n'est pas nécessaire d'avoir été toxicomane pour travailler contre la toxicomanie.
Question : Plus concrètement, pouvez-vous nous brosser un panorama des diverses attentes des sportifs et des types d'interventions dans lesquelles la main de l'ostéopathe est utile voire irremplaçable ? Sachant que le corps du sportif amateur est souvent aussi sollicité que celui du compétiteur, pouvez-vous nous donner des exemples de votre pratique journalière ?
P.G. : L'ostéopathie du sport s'attache dans la mesure du possible, à répondre aux différentes demandes du sportif . La demande la plus fréquente est :
" J'ai une douleur ici et je dois participer à un challenge après-demain ". Dans ce cas, la demande est non pas préventive mais curative et urgente.
L'ostéopathe du sport devra apporter tout son savoir pour tenter de résoudre le problème posé dans l'urgence et il devra souvent employer un grand nombre de techniques manuelles (structurelles, fasciales, myotensives, sédatives ou fonctionnelles) pour traiter efficacement ce problème aigu et le faire disparaître.
2ème type de demande : " J'ai un objectif précis dans deux mois, je voudrais à cette date être au top". Dans ce cas la demande est préventive
et l'ostéopathe prendra en compte l'ensemble du corps. Il remontera dans le temps pour lever des blocages passés inaperçu ou que le corps a dilué par le jeu des compensations. Il se penchera sur "la mécanique des chaînes musculaires" pour corriger tel ou tel geste moins bien adapté risquant de pervertir l'équilibre et la structure du corps. Il faut garder en mémoire que le sportif est un être qui sollicite parfois à 200% sa "machine" et qu'alors le moindre grain de sable peu avoir, à distance, de fâcheuses conséquences sur l'intégrité des structures tendineuses, articulaires ou musculaires. Le sportif est une formule 1 dont les rouages doivent être surveillés, bien huilés et équilibrés. C'est l'approche et l'objectif passionnant de l'ostéopathe du sport.
Question : nous avons compris que l'ostéopathe permettait au sportif de prévenir les blessures et d'améliorter ses performances avec le maximum de sécurité. Mais après l'effort, n'y a -t-il pas aussi une surveillance ostéopathique à effectuer ?
P.G. : Effectivement et cela constitue le troisième type de demande : "J'ai gagné. Ma performance me satisfait je veux récupérer vite pour enchaîner". Cette demande est responsable et démontre la conscience aiguë du sportif pour son équilibre-santé.. Dans ce cas, le sportif s'est donné à fond lors d'une compétition et comme le sport est son "gagne pain", il doit redevenir performant le plus vite possible. L'ostéopathe du sport aborde alors la phase de récupération. Les traces laissées par l'effort seront retrouvées dans la " machine énergétique " au niveau des systèmes viscéraux, cardio-vasculaire, respiratoire, digestif, urinaire. Dans cette période de récupération, l'ostéopathe s'intéressera à la globalité des organes et viscères assurant le drainage. Les systèmes liés au drainage sont mis à contribution dans la récupération, ainsi l'ostéopathe sera vigilant sur les zones anatomiques qui constituent l'environnement du foie, l'organe critique du métabolisme intermédiaire et de la production d'énergie, du rein, responsable de l'homéostasie, des poumons qui gèrent la respiration et assurent la fonction des échanges O2 et CO2. L'approche psychologique, émotionnelle du sportif par l'ostéopathe du sport sera, à ce moment là, capitale et il devra répondre aux souhaits d'une récupération empreinte du même désir de dépassement omniprésent chez tous les sportifs.
Question : L'aspect " mécanique de haute précision " du sportif et plus encore de l'athlète de haut niveau est donc fondamental. La voiture de course est vérifiée à chaque arrêt au stand par une armée de techniciens et d'ingénieurs. Parlez-nous de la pratique du contrôle technique de routine de l'athlète qu'en fait tout être humain devrait effectuer au moins une fois par an. Quel est l'intérêt d'un bilan régulier ?
P.G. : Le sportif ainsi suivi par l'ostéopathe déjoue les pièges et se donne les moyens d'une bonne gestion de son corps, instrument pour la pratique de son sport favori et du plaisir qu'il en retire. Il est juste d'affirmer qu'une longévité sportive ne peut faire l'économie de soins ostéopathiques. C'est "le contrôle technique" du mécanicien du corps qui à la fois détecte et prévient les futurs pannes en aidant également au nettoyage organique après compétition.
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