logo naturemaniaicone accueilicone naturoicone ecoloicone osteoicone programmesicone librairie
bandeau bienvenue naturemania
 
 
Retrouvez tous les articles naturopathie, aromathérapie et phytothérapie ICI


INTERVIEW :
Alimentation : information, désinformation



L'émission de Marc MENANT du 5 juin 2004 sur EUROPE 1, consacrée aux auteurs du livre "Santé, mensonges et propagande : arrêtons d'avaler n'importe quoi !" nous a permis de mesurer l'ampleur de l'enjeu alimentaire, partagé entre deux pôles d'intérêts radicalement opposés : la santé publique et les intérêts économiques. J'avais écouté quelques jours auparavant l' émission télévisée de FR3 "Culture et Dépendances" sur le thème "France, ton système de santé fout le camp à laquelle participait Maître Isabelle ROBARD. Il nous a semblé qu'elle n'a pu complètement s'exprimer sur certains sujets "sensibles". Nous lui avons demandé de compléter notre information sur les points clefs qu'elle n'a pu développer et sur les propos ayant été supprimés au montage.

Guy Roulier : Isabelle Robard, vous avez participé à l'émission "Culture et dépendances" de Franz-Olivier GIESBERT et il m'a semblé que vos propos semblaient décalés par rapport aux autres interventions. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Isabelle Robard : "Je n'ai malheureusement pas pu m'exprimer de façon contradictoire notamment à propos de l'interpellation sur le lait et ses dangers et ceci pour deux raisons fort simples :
-d'une part, le Pr. DEBRE ne m'a pas laissé la parole et m'a constamment interrompue,
-d'autre part, certains de mes propos ont disparu lors du montage de l'émission".

GR : Pouvez-vous nous en dire plus notamment sur le lait, sujet qui a déclenché la polémique ?

IR. : Voici ce que j'avais indiqué en plus à propos du lait : " Nous n'avons pas la prétention d'interdire aux Français de consommer du fromage ou des produits laitiers et de les prendre par la main de la naissance jusqu'à la porte du cimetière pour leur indiquer ce qu'il faut manger. Par contre, chacun est en droit de savoir, lorsqu'une recommandation nutritionnelle est délivrée sur le lait ou autres aliments, recommandation censée être émise dans un intérêt de santé publique, si cette recommandation est véritablement objective et déconnectée de tout intérêt économique et corporatiste ou si au contraire, elle émane des industriels concernés. Or, justement, la plupart des recommandations nutritionnelles actuelles sont liées à l'industrie agro-alimentaire et contribuent à faire pour nombre d'entre elles, le lit de l'obésité, du diabète et des maladies cardio-vasculaires, maladies qui n'ont pas de souci à se faire puisque ensuite elles sont prises en charge par l'industrie pharmaceutique ! L'information n'est donc pas toujours transparente. Ensuite, après avoir été informé, chacun fait ce qu'il veut et reste libre mais à condition de pouvoir faire ce choix".

GR : Un fameux nutritionniste Américain, le Pr. Walter Willett, a été sévèrement mis en cause par certains intervenants. Pouvez-vous nous en dire plus ?

I.R. : le Pr. Debré indique dans l'émission à propos du Professeur Walter Willett:

"On prend quelqu'un, on l'institue hyper spécialiste de la question, on s'associe à lui et on dénonce"
"On cite quelqu'un qu'on ne connaît pas, on l'institue le référent".

J'ai indiqué lors de l'émission que Pr. Willett est un chercheur indépendant, mais sans pouvoir apporter plus de précisions.

Je réponds au Pr. Debré que :
  1. "Walter Willett est mondialement connu des nutritionnistes et des épidémiologistes"
  2. "c'est un chercheur totalement indépendant, sans financement aucun des industriels"
  3. "il dirige l'étude épidémiologique la plus importante au monde actuellement sur plus de 100.000 personnes, portant sur des habitudes alimentaires depuis plus de 20 ans et qui font l'objet de publications scientifiques régulières"
  4. "grâce à ses travaux, notre connaissance des incidences de l'alimentation sur la santé a considérablement évolué"
  5. "Thierry Souccar est en contacts directs et réguliers avec ce chercheur comme avec d'autres"
G.R.: Au delà de cette nécessaire mise au point, quels sont les propos qui ont été supprimés lors du montage de l'émission ?

I.R. : Après le débat télévisé enregistré le 13 mai, deux de mes interventions ont disparu au montage :

A un moment dans l'émission, est venu à la discussion, le thème de la formation continue des professions médicales. J'avais alors pris la parole et indiqué :

"Certes, il est important que les professions médicales et de santé puissent bénéficier d'une formation continue déconnectée de l'industrie pharmaceutique. Mais, il faut reconnaître que cette industrie a joué cette fonction car l'Etat s'est désengagé jusqu'alors de ce rôle. Or, justement il ne faudrait pas que l'on tombe dans le même problème avec l'industrie agro-alimentaire qui viendrait former les professions de santé à la prévention santé (mise en avant actuellement). Outre la formation des professions de santé, c'est aussi une véritable éducation à la santé qu'il faut instaurer auprès des Français, afin de leur apprendre à mieux gérer leur santé et ne plus raisonner uniquement en terme de maladie. Preuve en est, le Conseil économique et social a élaboré un rapport en novembre 2003 sur la prévention en matière de santé, travail dans le cadre duquel j'ai été modestement auditionnée par le rapporteur Guy Robert. Ce rapport conclut à la nécessité de créer une profession d'éducateur de santé. Lorsque l'on aborde le trou de la Sécurité sociale, c'est prendre le problème par le petit bout de la lorgnette que de n'envisager de solution qu'en aval alors que c'est en amont, sur deux axes essentiels, qu'il faut intervenir. Il faut revoir le fonctionnement de la société sur deux points cruciaux : la prévention environnementale et la prévention nutritionnelle. La Déclaration de Paris du 7 mai 2004 énonce clairement les liens entre pollution et santé, tandis que l'alimentation est un facteur clé de prévention des maladies. Tant que l'Etat ne prendra pas les mesures concrètes qui s'imposent dans ces domaines, toute politique de santé sera vouée à l'échec".

Enfin, Charles PEPIN m'avait interpellée sur l'existence ou non de solutions quant au rôle de l'industrie agro-alimentaire dans les problèmes de santé publique. Ce à quoi j'avais répondu qu' "il y avait des solutions et que la première d'entre elle est d'appliquer la loi existante. Depuis mars 2002, ai-je indiqué, la loi prévoit que les sachants, experts et scientifiques, lorsqu'ils s'expriment en public tant oralement que par écrit sur des produits de santé, doivent indiquer s' ils ont des liens avec les entreprises et industriels. Et bien, depuis mars 2002 la loi n'est toujours pas appliquée".

G.R.. : Merci de ces importantes précisions qui éclairent le sujet de façon plus panoramique et qui démontre votre souci de défendre le consommateur et la santé publique.

Le texte de cet interview est également consultable sur le site de Thierry Souccar.

interview : Guy Roulier

Accueil
Naturothérapie
Aromathérapie
Phytothérapie
Ecologie
Développement
durable
Ostéopathie
Mal de dos
Programmes
anti-stress
anti-âge
Librairie
numérique